lettrine c albecedaire

Corps

تجسيد

 

أنا اسمي حمزة، انولدت بعمان، الأردن.

الماما والبابا انولدوا بالخليل، بفلسطين، وعاشوا فيها لصاروا كبار.

كتير صار قصص بفلسطين، بس في قصة عم بفكر فيها كتير.

 

وأنا صغير، يمكن كان عندي مشكلة في المشي.

لما بلشت ألعب كرة قدم، ما كنت أقدر ألحق الطابة أو أركز عليها.

كنت ألهت وأتعب، مع إني كنت طويل وقوي، ومعظم الأطفال كانوا يخافوا مني.

مع الوقت، بطّلت ألعب، وصرت أرجع البيت أرسم وأحضر تلفزيون.

 

مرات كنت أقعد مع البنات بالحارة، أو نخترع ألعاب نلعب فيها سوا.

البنات ما كانوا يحبوا يلعبوا فوتبول زَيّي، أو يمكن ما علّموهم.

وقتي كان يتوزع بين الحارة، البيت، ماما، الدراسة، والتلفزيون، والمركز الثقافي الفرنسي.

 

كبرت وصرت مهندس معماري، واشتغلت بالأردن، الإمارات، وتدرّبت بألمانيا.

هنيك، شفت طالب بالجامعة عجبني، تبادلنا نظرات، بس ما حسّيت عنده مشاعر مثليّة.

بس صار صديق لصاحبتي الأرجنتينية، وصرنا ثلاثتنا أصحاب.

 

مرة قال لي إنه بيركض، قلت له إني من زمان ما ركضت، وما بعرف أركض لمسافات طويلة.

اتفقنا وركضنا سوا ٦ كيلومتر.

رجلي تشنّجت، بس مع الوقت رتّبت نفسي.

قال لي برافو، وكنت مبسوط إني قدرت.

 

صرت أركض لحالي. إحنا كنا بقرية ألمانية صغيرة كلها طبيعة.

بعدين رجعت للأردن واشتغلت، وصرت أقعد طول اليوم عالكمبيوتر.

بعد سنين، اكتشفت إنه جسمي مش عم يتحرك، وضهري صار يوجعني.

 

نقلت ع باريس، ووقت الكوفيد، كنت تعبان نفسيًا.

كنت عايش مع تراڤس، وقضينا الحظر سوا.

صرنا نركض ساعة باليوم، أو نتمرّن عاليوتيوب.

حسيت ضهري صار أحسن، وسيطرت على جسمي أكتر.

 

 

تركت العمارة، وتركت تراڤس، وصرت فنان.

صرت أرقص، وأسهر، وأعمل رياضة، وأطلع حفلات.

حسيت حالي إنسان تاني. أولوياتي ونظرتي لنفسي تغيّروا.

 

بس من وقت الإبادة بغزة، ما عم بقدر أركض.

صاير أستحي أتمرّن قدام ناس.

بس عالأقل بباريس باخد الدراجة، بروح على الحديقة، بعمل يوغا، وبتأمل.

 

ناس كتير بقولولي جسمي حلو، وأنا صرت أشوف حالي حلو.

وصرت أستعمل هالجمال بعروضي الكوميدية، أحكي فيها عن فلسطين، عن المثليّة، عن الاستعمار، عن الجندر، وهمومي الشخصية.

 

ومع إني مو متديّن، بتذكّر مقولة أو آية بحبها كتير:

“إنّ الله جميل يحب الجمال.”

Corporéité

Je m’appelle Hamza, je suis né à Amman, en Jordanie.

Ma mère et mon père sont nés à Hébron, en Palestine, et y ont grandi.

Il s’est passé beaucoup de choses en Palestine, mais il y a une histoire à laquelle je pense souvent.

 

Quand j’étais petit, j’avais peut-être un problème pour marcher.

Quand j’ai commencé à jouer au foot, je n’arrivais pas à suivre la balle, ni à me concentrer.

Je m’essoufflais vite, même si j’étais grand et fort, et la plupart des enfants avaient peur de moi.

Avec le temps, j’ai arrêté de jouer. Je rentrais à la maison pour dessiner, regarder la télé.

 

Parfois, je traînais avec les filles du quartier, on inventait des jeux.

Les filles n’aimaient pas trop le foot, comme moi — ou peut-être qu’on ne leur apprenait pas.

Je passais mon temps entre la rue, la maison, maman, les devoirs, la télé et l’Institut Français.

 

J’ai grandi, je suis devenu architecte, j’ai travaillé en Jordanie, aux Émirats, et fait un stage en Allemagne.

Là-bas, j’ai remarqué un étudiant que je trouvais beau. On s’échangeait des regards, mais je ne pensais pas qu’il pouvait être attiré par moi.

Il est devenu ami avec ma pote argentine, et à trois on est devenus très proches.

 

Un jour, il m’a dit qu’il allait courir.

Je lui ai dit que ça faisait longtemps que je n’avais pas couru, et que je ne savais pas courir longtemps.

On a couru 6 km ensemble. J’avais les jambes crispées, mais j’ai trouvé mon rythme.

Il m’a dit bravo, et j’étais content d’avoir réussi.

 

J’ai commencé à courir seul. On vivait dans un petit village allemand plein de nature.

Puis je suis retourné en Jordanie, j’ai bossé, et je suis resté assis toute la journée devant l’ordi.

Après des années, j’ai compris que mon corps ne bougeait plus. Mon dos a commencé à me faire mal.

 

Je me suis installé à Paris. Pendant le covid, j’étais mal psychologiquement.

J’étais chez Travis, mon copain, on a vécu le confinement ensemble.

On courait une heure par jour, ou on faisait du sport sur YouTube.

Mon dos allait mieux. Je contrôlais mieux mon corps.

 

J’ai quitté l’architecture. J’ai quitté Travis.

Je suis devenu artiste.

J’ai commencé à danser, sortir, faire du sport, aller à des fêtes.

Je me sens comme une autre personne. Mes priorités et mon regard sur moi-même ont changé.

 

Mais depuis le début du génocide à Gaza, je n’arrive plus à courir.

J’ai honte de m’entraîner en public.

Mais au moins, à Paris, je prends le vélo, je vais au parc, je fais du yoga, je médite.

 

Beaucoup me disent que j’ai un beau corps.

Et moi aussi, je commence à le voir.

J’utilise cette beauté sur scène, dans mes spectacles comiques.

Je parle de la Palestine, de l’homosexualité, du genre, de la colonisation, et de mes propres douleurs.

 

Et même si je ne suis pas religieux, je me rappelle souvent d’une parole (ou peut-être un verset) que j’aime beaucoup :

« Dieu est beau, et Il aime la beauté. »

Laisser le premier commentaire

Qui a écrit cette histoire ?

Cette histoire a été réalisée par le/les auteur⋅trices suivant⋅es, qui font partie du groupe .

Découvrez d'autres histoires de l'albécédaire

Voici quelques histoires tirées au hasard ...