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Fuite

Fuite

Quand la guerre a commencé le 24 février 2022, j’avais huit ans, c’était un jeudi. Je me suis réveillée vers cinq heures, j’ai entendu ma mère pleurer. J’étais inquiète parce que ma mère ne pleure pas normalement. Mon père, lui, était dans une autre ville pour son travail, à Odessa. On a appelé notre grand-mère, on a pris un peu d’eau et de nourriture, on a promené les chiens et on est tous allés dans le sous-sol : ma grand-mère, ma mère, ma sœur et mon frère. Quand on est rentrés dans le sous-sol, on était seuls ; quelques habitants étaient partis avec les bus. Plus tard d’autres gens sont venus dans le sous-sol. J’étais inquiète à cause de la guerre. Quelques heures plus tard, mon père est venu. On a pris des habits pour partir dans une ville proche de Mikolaev et plus calme et réfléchir à la situation mais notre grand-mère ne voulait pas sortir de sa maison.
Quelques jours plus tard notre père est allé prendre nos chiens pour les emmener avec nous, mais il ne pouvait pas prendre nos chats qui n’avaient pas de vaccin. C’était triste mais ma grand-mère s’est occupée de nos chats, de notre souris et de nos poissons.
Pendant les deux premières semaines, je n’arrivais pas à me doucher et à dormir à cause des alarmes, j’avais vraiment peur. On a quitté l’Ukraine et on est allés en Moldavie le temps de réfléchir à notre trajet. Je ne voulais pas partir mais je ne pouvais pas rester, c’est mes parents qui ont choisi, pas moi. Ensuite on est allés en Roumanie puis en Grèce où on est restés quelques mois, c’était cool là-bas mais ma famille en Ukraine me manquait. A la même période l’école sur Zoom a commencé, c’était fatigant et aussi l’école est difficile en Ukraine.
Ensuite mes parents ont choisi d’aller en Suisse et on a pris le bateau pour passer par l’Italie rejoindre ma marraine quelques jours. Puis on est arrivés à Berne et on y est restés jusqu’à ce que l’administration décide où on devait habiter. J’étais à Lausanne avant la rentrée mais je ne savais pas si je pourrais rester là ou pas, ça fait déjà trois ans. Quand je suis rentrée à l’école je ne savais rien en français et quelques enfants qui parlaient russe ne connaissaient pas trop le français non plus, même les mots basiques comme ‘crayon’, ‘gomme’, ‘chaise’ et les nombres de 0 à 20, c’était trop dur. J’étais en classe d’accueil puis en classe régulière puis en classe d’accueil, avec cette maitresse on travaillait dur et j’ai bien progressé, et maintenant en classe régulière 7ème. Je suis contente mais j’ai peur des examens de 8ème l’année prochaine.

2 commentaires

  • Francine Howald

    Je trouve ton témoignage très touchant, Vika, et te remercie de le partager.
    Je souhaite de tout cœur que la situation politique s’arrange dans ton pays et qu’il sera possible d’y retourner par la suite.
    En attendant, je te souhaite de vivre de belles choses ici, et de profiter pleinement de ce que le quotidien et l’école d’ici peut t’apporter d’enrichissant.

  • Ton histoire est très intéressante, merci d’avoir écrit ce texte. Tu es très courageuse d’écrire ton histoire, elle nous encourage à raconter aussi nos histoires. Tu ne dois pas avoir peur de parler devant les autres. Courage pour la suite!
    Fronia, João, Dylan, Ricardo, Joaquin, Emil, Samara, Zahra

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Cette histoire a été réalisée par le/les auteur⋅trices suivant⋅es, qui font partie du groupe CIF 2025.

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